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  • : Julien Baret de la Roussonnière
  • : itinéraire géographique, historique et humain de l'honnorable Julien Baret de la Roussonnière, le premier Baret de la Réunion.
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  • Tout simplement un agenda perpétuel, autour  de Zamet Baret, vers 1500 à un descendant, Alcide Baret, directeur d'école, et poète.
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27 octobre 2013 7 27 /10 /octobre /2013 04:23

Né en 1697, à la Souterraine, "un trou dans la Creuse". Fils de Jean Choppy, sieur de Montpensoux et de Marie Guérin.

 

Notaire, arrivé en 1725. Marié le 20 juillet 1728 à Saint-Pierre avec Marianne Payet, âgée de dix huit ans, la soeur ainée de la femme de Julien Baret. Il a été établi un contrat de mariage un mois auparavant, par lequel ses beaux parents s'engagent à nourrir les futurs époux et les noirs présents. Comme pour le mariage de Barbe, deux ans plus tôt, il est fait don non pas d'un esclave, mais  de Suzanne, une petite négresse qui n'a pas plus de dix ans. En 1730, lors du réglement de la succession de Laurent Payet et Marie Hoarau, ses beaux parents, victimes de la variole, il lui sera réclamé cent cinquante livres pour cette esclave.

 

Prend en 1731, une concession agricole à la Ligne des Bambous. Il obtiendra, le lot 23, situé entre le lot de Gérard et celui d' Anne Bernard Fortia. En 1732, Le Boucher Jean, 19 ans, originaire d'Anjou est désigné comme commandeur.

En 1743, il exploite au total 52 294 gaulettes carrées.

 

En 1734, il est capitaine des quartiers Saint-Louis et Saint-Pierre.

 

Le couple aura huit enfants, mais deux vont décéder en bas âge, dont  Joseph (même prénom que son père), né le 14 mai 1729, en pleine épidémie de variole. Julien est désigné parrain de l'enfant. Hélas, il décédera six mois plus tard. Le 11 décembre 1739, à Saint-Pierre, va naître Louis-Etienne. Il se mariera à Lorient le deux novembre 1762, et décédera à Saint-Pierre en 1777.

Joseph Choppy décède à Vierzon le 24 novembre 1742.Henry, son domestique reviendra à Bourbon, en embarquant comme passager à la ration, le 13 mars 1743 sur le Duc d'Orléans,un vaisseau de la Compagnie des Indes de 600 tonneaux, armé de 28 canons. Il débarquera à  Saint-Paul le 8 septembre.

 

Son épouse, se remarie le 18 novembre 1749 avec Jean Baptiste Duclos. Elle décédera, à Saint-Pierre, le 2 avril 1771.

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6 juin 2013 4 06 /06 /juin /2013 07:10

La Compagnie des Indes, dés le début, exerçait un pouvoir absolu sur les produits territoriaux de l'île Bourbon. L'habitant était obligé de livrer ses produits aux magasins de la Compangie, mais aussi de s'approvionner auprés d'eux. Depuis 1736, les habitants des quartiers de Saint-Louis et de Saint-Pierre se plaignent de l'absence de magasins., faute de magasins destinés à recevoir leurs denrées en vivres et en café. De ce fait, ils se trouvent totalement dépourvus de moyens pour se procurer des hardes dans ceux de la Compagnie des Indes. En 1740, ils se retrouvent à 20 pour faire parvenir une lettre aux conseillers du Conseil supérieur de Bourbon pour leur faire part du chagrin journalier qu'ils éprouvent cruellement de leur nudité. La plupart d'entre eux ne pouvant assister au service divin et y envoyer encore moins leurs familles et esclaves.

Outre la signature de Julien Baret et une, illisible, on retrouve les noms suivants :

 

- Claude Bodin  (ou Potin, Bottin... Commandeur chez la veuve Feydeau Dumesni, Lagrenée et Bouchard de la Tour).

- Antoine de Bavière . Suisse, né en 1704, arrivé à Bourbon en 1730, Officier d'infanterie. Auteur en 1732, d'un plan de construction de la ville de Saint-Pierre. (Ce plan, comme celui réalisé par Choppy Degranges ne seront pas retenus).

Epouse le 05/02/1739, à Saint-Pierre, Geneviève Cadet (1713-1772), la fille de Louis Cadet et Radégonde Rivière.

Décéde à Saint-Pierre le 01/05/1742. 

- Bourgeois

- Noêl Siméon Cadet (1717-1791), mari de Anne Nativel.

-Jean Cachelen d'Herblé, né en 1702, habite Saint-Pierre, marié à Saint-Paul avec Françoise Lavalefou. 

- Choppy Desgranges 

- Girard 

- Marie Madeleine Girard

- Jean Fontaine

- Nicolas Gouron , embarqué en 1730 sur le navire militaire "La Victoire",

 arrivé en Ile de France le 04/01/1731, sur le Royal Philippe.

- Denis Lamer, ancien commandeur chez Simon Lagrénée et chez Feydeau Dumesnil.

- Pierre Lauret, ancien charpentier de la Compagnie

- Wilhem Leichnig, arrivé en 1722

- Jean Madiran, né en 1706, arrivé en 1725, ancien chirurgien du brigantin "La Légére" bourgeois du quartier de Saint-
                             Louis , chirurgien quartier Saint-Louis, comme Julien Baret.. Epoux de Françoise Lautret.(1691-1752) . En 1744, il achète à Dejean 8 esclaves pour mettre en valeur son habitation de Grand Bois contenant 132 gaulettes en hauteur et 32 gaulettes en largeur, plantée de 6000 pieds de caféiers.(environ 10 hectares)

- Henry Mussard, (1676-1743) l'époux en seconde noce Louise Robert

- Hubert Posé,  Sergent des troupes. En 1734, il est témoin au mariage de Jérome Aymard (dit Saint-Marc). En

1735, parrain d'une fille d'esclave, âgée de 6 mois. Pélagie Lebon, la femme de Wilhem Leighnie est marraine. 

Se marie avec Marie Jeanne Guérin

- De la Tour,  S'agit-il de François Faure dit la Tour, sergent de la garnison, ou de Bouchard de la Tour ?

- Pierre Nativel (1693-1768), époux de Françoise Lautret

 

Leur demande a t'elle été entendue ? Difficile à croire.

 

 

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15 novembre 2012 4 15 /11 /novembre /2012 03:27

 Ce sont les filles ainées du couple Laurent Payet et Marie Hoarau

 

Née  à Saint-Paul en l'île Bourbon le samedi 8 février de l'an 1710. Elle est issue du légitime mariage de Laurent Payet et Marie Hoarau, conclu le 21 septembre 1706. C'est le deuxième enfant du couple, l'ainé, Jean, est né deux ans auparavant.

 

Elle sera suivie en août 1711, d'un enfant mâle, recevant le prénom de son père, qui ne vivra que 9 jours, de Barbe, en 1713, et de Brigitte l'année suivante. Une longue liste se poursuit.

  

Vers l'âge de 15 ans, Marianne est prise en mains, avec 7 ou 8 enfants de la famille par sa tante Louise et lui apprend des rudiments de lecture et d'écriture.

 

Au cours de l'année 1725, Julien Baret, à la fois, soldat de la Compagnie des Indes et chirurgien entre en relations avec la famille Payet. Les deux filles ainées, Marianne et Barbe sont sous le charme de ce français de29 ans, débarqué en décembre 1724. Qui remportera ses faveurs ! 
Barbe sera la gagnante, et en devenant son épouse en septembre 1726, elle sera Barbe Baret de la Roussonnière.

 

Marianne,elle, attendra deux ans, avant de se marier le 20 juillet 1728 avec Joseph Choppy Desgranges, 31 ans,un notaire, originaire de la Creuse. Comme Julien Baret, il est arrivé à Bourbon en 1724.

Le premier enfant du couple nait à Saint-Pierre en mai 1729 et reçoit le même prénom que son père. Son oncle par alliance, Julien Baret est choisi comme parrain. Une épidémie de variole sévit sur Bourbon et l'enfant décédera à la fin de l'année.
 

Peu de temps aprés Julien Baret et Barbe, Joseph Choppy Desgranges et Marianne prennent à leur tour, une concession agricole à la Ligne des Bambous. Ils obtiennent le lot 23 entre celui du nommé Gérard et celui de Anne Bernard Fortia.

En 1732, leur enfant Jean Jacques, âgé de deux ans décéde à Saint-Pierre.

En 1736, le 22 avril, Marianne donne naissance à une fille qui reçoit le nom de Marie Joseph Louise Choppy Desgranges.

Onze mois plus tard, sa soeur Barbe met au monde son premier fils ayant comme nom :Jean Gabriel Julien Baret de la Roussonnière.

En février 1739, Barbe donne à nouveau naissance à un deuxième garçon qui reçoit le prénom de René Vincent. Marianne est la marraine, son frère Jean est parrain. Dix mois plus tard, Marianne donnait naissance à un garçon prénommé Louis Etienne.

 En 1742, Choppy Desgranges retourne en France. Il meurt, à l'âge de 45 ans, le 24 novembre 1742 à Vierzon (Cher), à environ 35 lieues (140 km) de la Souterraine, son pays de naissance. Sa mort sera connue à Bourbon en septembre 1743.

Marianne, âgée de 33 ans se retrouve veuve avec 3 enfants de sept ans, six ans et quatre ans.

Six ans plus tard,au mois de janvier naissance de Perrine Olympiade Baret. Marianne est choisie comme marraine. René Vincent est le parrain. Marianne signe l'acte de naissance avec Julien Baret. René Vincent lui, déclare ne savoir signer.

Le mardi 18 novembre 1749, Marianne se remarie avec Jean Baptiste  Bidot Duclos, de dix ans son cadet. Il est arrivé à bourbon, âgé de 16 ans en 1734.
Ils auront trois enfants : Gabrielle l'année suivante, Elisabeth Antoine Guy en 1752 et Elisabeth Geneviève en 1755.

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31 janvier 2012 2 31 /01 /janvier /2012 02:57

Perchée sur une grosse roche plate à l'ombre du jujubier qui occupe une place d'honneur dans la cour, Barbe laisse aller sa colère .Chassée sans ménagement de la meilleure pièce de la case où ses parents reçoivent le sieur Julien Baret, elle ressasse son humiliation. Sa mère a rejeté sa proposition de servir un verre de fangourin et l'a priée d'aller jouer ailleurs d'un ton n'admettant pas de réplique !  

 

Demoiselle Barbe PayetEn temps ordinaire pourtant, quand il y a des visites, sa mère exige qu'elle accomplisse  les tâches de damoiselle bien élevée. Barbe alors s'exécute de mauvaise grâce car elle déteste ce rôle qu'on lui fait jouer de plus en plus souvent depuis qu'elle a treize ans. Et voilà qu'aujourd'hui où elle aurait aimé se montrer à son avantage aux yeux de ce bel homme, elle se faisait traiter comme un tit marmaille encombrant !

Les genoux ramenés contre sa poitrine dans une position qui lui est familière. Barbe berce des pensées mélancoliques. Elle n'est pas loin de penser qu'elle est la plus malheureuse des jeunes filles de Bourbon !

Sa sœur Marianne, de trois ans son aînée, la prendrait presque pour sa servante et se décharge sur elle de la garde des petits frères et sœurs. Barbe la déteste, déteste son teint clair, ses cheveux raides et presque blonds alors qu'elle-même se trouve laide avec sa peau marron, sa tignasse bouclée et ses yeux de chatte.

On dit qu'elle ressemble à son père qui a hérité en partie du physique de sa mère, Louise Siarane, la Malgache, décédée à l'âge de soixante ans, huit ans avant sa naissance. Comme elle aurait voulu la connaître cette grand-mère arrivée de la Grande Île après des aventures terrifiantes à Fort Dauphin ! Son père n'en parle pas beaucoup.

Barbe qui adore les histoires, va souvent rôder dans le quartier des esclaves où il y a encore   de vieilles Malgaches qui ont connu sa grand-mère. Elle apprend aussi à leur contact et en cachette de sa mère, le secret de plantes guérisseuses, de prières bizarres qu'on récite au clair de lune pour punir quelqu'un ou obtenir des choses qu'on désire très fort. Elle les a essayées ces prières, pour devenir blonde comme sa sœur ou être la préférée de sa mère, cela n'a pas marché. Secouant ses cheveux emmêlés, Barbe chasse ces pensées qu'elle serait obligée d'avouer en confession au père Jean-René Abot, le prêtre de la mission si elle s'y complaisait.

Elle revient à ce qui se trame en ce moment dans la case : que peuvent-ils bien se raconter qu'elle ne puisse entendre ?

Maman aurait-elle encore besoin des soins de Sieur Baret ? Non, car si c'était le cas, Barbe serait restée pour apporter son aide.

Lors de la dernière saignée pratiquée sur sa mère, elle avait assisté le chirurgien en tenant le plat creux dans lequel s'écoulait le sang. Elle n'avait même pas eu mal au cœur au contraire de cette idiote de Marianne qui s'était enfuie pour ne pas vomir.

 

Julien Baret l'avait félicitée pour son courage et avait dit qu'il aimerait bien avoir une petite assistante comme elle tous les jours à ses côtés. Elle était devenue toute rouge et avait failli renverser le plat où le sang commençait à se figer.

Depuis, il lui arrive de rêver de Julien (elle l'appelle par son prénom en secret).  Il viendrait la chercher dans son vieil uniforme de soldat et l'emmènerait en France, ce pays dont tout le monde rêve en cette petite îsle de Bourbon.

 

Mais personne n'a envie d'y retourner semble-t-il, puisqu'ils sont toujours là à discuter sans  fin de terres à défricher, de plantations nouvelles, des bénéfices exigés par la Compagnie des Indes. Barbe déteste ces discours d'adultes dont elle ne perd pas une miette cependant. Personne ne pense à expliquer aux enfants ce qui se passe et elle en est réduite à imaginer un monde mystérieux de commerces interdits sur des bateaux fabuleux.  Julien est arrivé depuis peu sur un de ces bateaux. Il a la fraîcheur des nouveaux arrivants. Les yeux bleus pétillants, et des cheveux bruns qui volent au vent depuis qu'il a renoncé définitivement au port de la perruque. Son visage est ovale, blanc et sa peau n'a pas encore gâtée par le brûlant soleil de Bourbon et par la trop grande consommation de fangourin.(1)

Qu'il lui parait distingué quand il remonte l'allée en serrant contre son cœur la trousse de chirurgien dont il ne sépare jamais ! Et il parle si bien quand il raconte des histoires de son frère Jean à Angers, de la rivière, la Sarthe pas bien loin de chez lui, de Précigné son village, de sa famille là-bas, en douce Anjou.

 

Barbe se souvient de cette histoire incroyable qui a tenu l'assemblée en haleine tout un soir  de veillée à laquelle il était convié. Il disait que Gabrielle Sigoigne, la femme de son parrain, le Sieur Julien de Bonnes-Eaux, était morte et enterrée, habillée en grande dame qu'elle était, parée de ses bijoux, quand un valet malhonnête a déterré le corps afin de dérober la bague qui brillait à son doigt. Le doigt était gonflé, la bague résistait. Le valet n'hésita pas à entamer les chairs avec son couteau.
Quelle ne fut pas sa surprise quand la morte se mit à bouger, réveillée par la douleur ! Elle n’était pas morte, mais seulement dans le coma, et tranquillement regagna sa maison, à la grande stupeur du parrain et des voisins. 
Le valet malhonnête, ne fut pas traîné en justice. Il reçut même une récompense avant d'être renvoyé. A ce jour, soit dix ans après cette aventure, elle est bel et bien vivante.  Quant à son mari, on s'attend à sa mort d'un jour à l'autre. (il est décédé le 11 juillet 1726).

 

A partir de cette histoire, Barbe s'en est inventée une, dont elle est l'héroïne que Julien réveille en déposant dans son cercueil une orchidée ramenée de la forêt obscure de Bernica, qui, selon le poète se présente comme :
"Un lieu sauvage, au rêve hospitalier, étroit paradis, parfumé de verdeurs". (Leconte de l'isle)

 

Mélangeant rêve et réalité, elle se dit que si elle était un peu plus vieille et plus jolie, elle pourrait peut-être lui plaire. 

Et quand il reprendrait le bateau, il l'emmènerait avec lui !

 

Ces pensées gonflent son cœur de rêves affolants. Tout comme Marianne avec laquelle elle partage beaucoup de secrets malgré leur rivalité, elle pense souvent au mariage auquel leur mère les prépare. Sujet d'angoisse indicible ! (2) .

 

 Barbe a peur de quitter l'enfance libre et un peu sauvage qui est la sienne, elle n'a aucune envie de se retrouver en charge d'une quantité de marmailles comme sa mère.

Tout se bouscule dans sa tête : ne pas grandir, être remarquée de Julien, devenir une dame européenne, ne jamais quitter son île bourrée d'histoires colorées et fantastiques …

Elle n'entendit pas Julien approcher.   

                                                                Hé bien Barbe, tu rêves ?   

Elle sursaute au son de sa voix et lève vers lui un visage crispé et mouillé de larmes inconscientes.

Dieu qu'elle est belle ainsi, pense le jeune homme !

Sans lui poser de questions sur son chagrin, il lui tend un petit nifériau délicatement brodé par sa jeune sœur Jaquine, de neuf ans sa cadette qu'elle lui offert juste avant son départ (3). Garde-le, je te l'offre. Mais tu ne dois plus pleurer, tu abîmes tes jolis yeux.

                                      Barbe ! Accompagne Sieur Baret jusqu'au pied d'mangues !

La voix de son père la tire de la torpeur muette qui la figeait sous le regard du beau soldat dont elle rêvait un instant auparavant. Elle glisse le mouchoir dans sa chemise en murmurant un merci à peine audible, bondit de son socle et se met à cabrioler devant le visiteur de marque avec la liberté d'un cabri sauvage.

 

Julien la contemple, épouvanté et émerveillé à la fois par ce qui vient de se décider avec Marie Hoarau et Laurent Payet, ses malades, ses amis et bientôt, plus encore.

 

Il ne tente aucun geste envers cette femme-enfant qu'il vient de demander en mariage.  Il a promis aux parents de leur laisser le soin de préparer leur fille à cette énormité :  à treize ans,  épouser un homme de quinze ans son aîné !

Julien regagne son ajoupa prés de la poudrière de Saint-Paul, à une demie lieu dans un état second. Que lui était-il passé par la tête ?  P.Ajoupa

S'enticher d'une petite créole même pas complètement blanche, aller jusqu'à demander sa main alors qu'il sait pertinemment qu'elle se fera rejeter par sa famille dans son village de Précigné ! Il lui semble qu'il vient de signer son arrêt de bannissement, sa condamnation à l'exil perpétuel. Mais, très vite, l'image de Barbe s'impose à lui avec une force incroyable ! L'idée de posséder ce joli brin de créole lui tourne positivement la tête.   Il ne s'était pas aperçu immédiatement qu'il était devenu amoureux de cette gamine. Quelle transformation en un an !   Du premier jour où il avait fait son entrée dans la famille de Laurent Payet à aujourd'hui, la p'tite quarteronne insignifiante qui admirait ses habits de soldat était devenue, sans  qu'il y prit garde, une adolescente aux formes encore graciles mais diabolique.    

  A-t-elle conscience du pouvoir de ses yeux verts dans son visage doré encadré d'une crinière extravagante ? .

Elle est si jeune encore ! Il se fait la promesse de ne pas la bousculer, de lui laisser le temps de mûrir avant d'aborder la maternité, de la conquérir.

 

Il est vrai qu'ici les filles deviennent femmes très tôt. Marie Hoarau, la mère de Barbe ne lui a-t-elle pas avoué avoir épousé Laurent, à l'âge de douze ans et trois mois ?

 

Elle ne regrettait rien et c'est sans scrupules qu'elle avait accueilli favorablement la demande de Julien.

 

Laurent, avait été plus réticent et avait essayé de lui proposer Marianne, sa fille aînée. Mais cette blonde délicate qui fait la fierté de la famille, lui rappelle trop les jeunes filles que sa  mère, Anne lui présentait en vain avant son départ. Barbe est la jolie fleur exotique, le fruit inconnu et peut-être vénéneux qu'un soldat en exil ne peut manquer de désirer.

 

Cette passion amoureuse a certainement participé plus qu'il ne se l'avoue, à sa décision de profiter de l'offre de la Compagnie : devenir propriétaire d'une concession à la fin de son   engagement de soldat. Comme tant d'autres, il a succombé aux charmes de l'île, à ses promesses d'enrichissement, au sentiment de participer à la fondation d'un nouveau monde, si minuscule et perdu soit-il .Le style de vie de cette jeune société créole qui l'a accueilli à bras ouverts lui parait combien plus plaisant que toutes les règles mesquines et rigides qui régissent son milieu d'origine. Il retournera bien sans doute un jour dans son Anjou natal, mais ce sera une fois fortune faite, sa belle épouse exotique à son bras.

Tout ceci est bien bien loin des préoccupations de notre petite Barbe qui va voir exaucer ses prières secrètes : être la plus belle aux yeux d'un Français de France et damer le pion à sa sœur aînée !

 

 Afin de parer un éventuel manque d'objectivité de l'auteure, et une recherche de similitude avec Barbe, il faut se reporter à une description de la population faite en 1721 par le père Antoine Gaubil (4). Et, peut-être fermer les yeux pour mieux imaginer les femmes et filles en ladite isle Bourbon :  

 

Elles sont grandes et droites, marchant gravement. Elles ont; la plupart, des yeux noirs et vifs, les traits beaux, portant bien la tête et les épaules, le sein bien proportionné et ne pendant jamais. Elles ne portent ni corset, ni habits français, mais simplement des jupons d'étoffes des Indes, avec des chemises de toile de coton fort fines, boutonnées des manches et au col. Elles ont comme coiffure un mouchoir bien propre de dentelle, de mousseline, ou d'organdi, voire d'indienne. Elles ne portent ni bas ni soulier..

 

  Pour l'heure, l'honorable Julien, bien qu'homme raisonnable et pondéré vient bel et bien de succomber à la passion amoureuse. Dés demain, il va en référer au père René Abot….

 

Julien et le père Abot se connaissent et s'apprécient mutuellement. Il faut dire que celui-ci est originaire de Mamers, village situé à vingt lieues de Précigné. Souvent, une chope à la main, ils parlent ensemble du pays manceau. Mais aujourd'hui, notre Julien est peu loquace .

Comment aborder le sujet avec le religieux ! Il préfère attendre le moment propice et s'attarde longuement sur l'environnement. L'église, d'une architecture très ordinaire est vaste, assez jolie, composée de deux petites chapelles et d'un maitre autel. Elle a trois sorties. Le clocher n'est composé qu'une d'une bonne cloche et d'une autre fêlée, le tout pendu et exposé en dehors de l'église sur trois pièces de bois formant chambranle. Elles sont exposées ainsi pour les mieux faire entendre des habitations éloignées. Derrière cette église, ainsi que derrière la maison du père, passé la petite rivière, on trouve quantité de papayers et des tamariniers. Ces arbres forment des promenades très agréables, tant par leur verdure que par le chant des Z'oiseaux la vierge, des timises (le pétrel de Bourbon), ou de jolis tuit tuit  tuits-tuits (photo)… (5)  Qu'as-tu Julien ? Tu sembles tout bizarre aujourd'hui ? Le prêtre l'interrompt. Tu ne peux pas retourner en France, dans le vent et la froidure, tu n'as plus de place là bas parmi des gens de robe, elle est ici dans ce pays plein d'espérance, appeler à se développer, regarde comme le nombre d'habitants augmente de jour en jour, et où le manque de chirurgiens va se faire cruellement ressentir. Marie et Laurent te font confiance et t'apprécient. Je suis certain qu'avec Barbe, vous serez un couple tendre et uni. Vous aurez des enfants à la peau plus ou moins claire. Dans des dizaines ou des centaines d'années, Bourbon sera rempli de paroissiens portant le nom de Baret.        

 Si l'acceptation de la demande en mariage s'est faite sans difficultés, il s'en est suivi de longs palabres, comme ceux auxquels on assiste, lors de l'acquisition d'un esclave ou d'une vache. Mais, on peut le comprendre. Julien est toujours soldat, il fait bien quelques saignées par ci par là, mais il n'y a pas de quoi remplir suffisamment une gamelle pour deux. Il est hébergé par les soins de la Compagnie des Indes. Il dit bien posséder une propriété en France, mais la France c'est très loin. Aussi, afin contenter tout le monde, et bien que ce ne soit pas d'une pratique courante à l'époque, et surtout à l'Isle Bourbon, il est décidé que tous les accords et conventions de mariage établis feront l'objet d'un contrat (6). Il sera passé par devant Maître Jean Saint Lambert de Labergry, greffier du Conseil Supérieur faisant fonction de notaire. (voir copie de l'original dans pages : G.Le contrat de mariage de Julien Baret et Barbe Payet )

Ce qui va entrainer le déplacement de onze personnes, demander beaucoup d'explications, réclamer une très très grande patience de la part de chacun et exiger du temps, beaucoup de temps. A tel point d'ailleurs, que le contrat sera finalisé seulement le quatorze septembre, soit quatre jours après le mariage. Comme si, il fallait en terminer avant la fin de la semaine.

 

Gente Damoiselle Barbe Payet et Dame Marie Hoarau, ne sachant signer, ont été interpellés à requir pour elles Thuault de Villarmoy, Conseiller au Conseil Supérieur et J. Dumesnil

 

Pour simplifier on peut retenir :

 

- Les époux se font une donation mutuelle et réciproque de tous leurs biens propres, acquêts  et conquêts au conjoint survivant sa vie durant sans qu'il soit tenu de fournir une caution, sinon une caution juratoire (serment fait en justice de représenter sa personne ou un objet).

 

- Cette donation est valable à condition qu'il n'y ait pas d'enfant vivant au moment du décès, auquel cas elle serait nulle et de nul effet et tout simplement considéré comme non faite.

Tanane 

Laurent Payet et son épouse apportent, ainsi que, comme c'est devenu la coutume à Bourbon depuis une dizaine d'années un jeune esclave ou une servante (pour ainsi dire une Nénéne). Là, il s’agira d’un jeune noir, âgé de huit ou neuf ans apte à travailler prénommé Athanase. Il est plus connu sous le nom malgache Tanany(qui signifie terre) ou Tanane, en français.. Barbe le connaît fort bien et l'apprécie beaucoup. En réalité, cela s'apparente à avance d’hoirie, et à l’inventaire de la succession des parents de Barbe, en mai 1730 "Julien Baret de la Roussonnière doit rapporter à la masse des biens la somme de cent cinquante livres", la valeur estimée de cette simple donation, effectuée trente deux mois auparavant

  

                                     portrait au crayon de Gaëlle B.

(une lointaine descendante de Julien et de Barbe)

 

Petite parenthèse :

 

 Le quatre janvier 1731, le sage Tanane devient marron. Une semaine plus tard, Desgranges le signale aux autorités. Aussitôt, le fugitif se rend à son maître, qui était à Saint-Paul.  ADR c°943, registre des déclarations des noirs marrons au quartier de Saint-Paul (1730-1734).

 

                                                           

- Baret apporte la Metterie de la Roussonnière située paroisse Saint-Martin du Précigné  qui lui appartient en propre par la donation que luy a faite le Sieur Thieslin de Bonnes-  Eaux, son parrain. Il faut lire métairie, avec partage par moitié des charges et produits (7).

 

- Laurent Payet et son épouse promettent et s'obligent fournir au Sieur Baret une maison de bois équarry de vingt cinq pieds de long (8) à l'endroit qui luy est le plus convenable sur un terrain sis soit à Saint-Paul, soit à celuy de Saint-Etienne (il faut comprendre prés de la Rivière Saint-Etienne à Saint-Louis, photo ci-dessous), plus deux vaches et quatre brebis. 

  

- Pour la rédaction de ce contrat, chaque époux est assisté de deux témoins, Jacques Aubert, et son fils Pierre. Jacques Aubert est non seulement depuis dix ans le capitaine du quartier,  mais il est aussi originaire de Corzé qui se situe à six lieues de Précigné. En bien précisant cependant qu'il a quitté la France depuis trente sept ans. Pierre Aubert né le premier novembre1698, épouse le vingt janvier 1716 Françoise Folio.

 

-  Jacques Macé, chirurgien, le mari de Louise Payet, une tante de Marie Hoarau. Ce sont des proches de la famille. En juillet 1713, pour la succession d'Antoine Payet,  Jacques Aubert a signé l'acte au nom des héritiers. En décembre 1714, avec Jacques Macé,  ils sont les deux témoins dans un acte de donation partage.

 

   Sans oublier Etienne Hoarau le grand-père de Barbe.

 

La Rivière Saint-Etienne

     ( Vue prise du fond des Aloés)

  

- - - - - - -

 

(1)  Du rhum 

(2)  Marianne Payet épousera le 20 juillet 1728 Joseph Choppy Desgranges, arrivé en 1725 

(3)  En patois sarthois : un mouchoir                        

(4) Voyage à la Chine dans Albert Lougnon "Sous le signe de la tortue"

(5) Description empruntée au chroniqueur Durot dans son journal de voyage à bord de l'Agréable en 1705

(6) Vingt ans auparavant, Laurent Payet et Marie Hoarau ont également conclu un contrat de mariage, qui traite non pas les apports de chacun, mais des règles de dévolution successorale. Voir :Un contrat de mariage au XVIII° siècle

(7) C'est une grosse menterie, le bien appartient à son père. Julien Thieslin n'a jamais été propriétaire de la Roussonnière, ni la famille de son épouse, la riche Gabrielle Sigoigne.

(8)  Vingt cinq pieds ! Une belle case, mais il ne faut pas perdre de vue que Laurent Payet est un bon charpentier. 90% habitants vivent dans une case de rondins de quinze ou seize pieds de long, mis les uns sur les autres jusqu'à la hauteur de six à sept pieds, couverts de feuilles. Les biens logés ont des cases à un étage depuis quinze jusqu'à trente pieds de long, de bois équarry mis l'un sur l'autre jusqu'à la hauteur de dix et onze pieds. A cause des ouragans, on ne cherche pas à donner plus d'élévation.

 

 

 

 

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30 janvier 2012 1 30 /01 /janvier /2012 14:33

La cérémonie de mariage est célébrée par le père Jean-René Abot, le vicaire de Saint-Paul. Julien et lui, ils se connaissent bien et s'apprécient mutuellement. Il faut dire que celui-ci est originaire de Mamers, village situé à vingt lieues de Précigné, et très souvent, une chope à la main, ils parlent ensemble du pays sarthois. Julien s'était fait expliquer par son vieil ami la procédure de mariage telle qu'elle est décrite dans son précieux et inséparable coutumier :


Les bans sont publiés trois dimanche de suite et, après les vêpres du dernier dimanche, le prêtre fiance les futurs époux, non sans avoir procédé auparavant à une confession générale de toute la famille. La cérémonie nuptiale se déroule la semaine suivante, avant la messe.

 

Si l'acceptation de la demande en mariage s'est faite sans difficultés, il s'en est suivi de longs palabres, comme ceux auxquels on assiste, lors de l'acquisition d'un esclave ou d'une vache. Mais, on peut le comprendre. Julien est toujours soldat, il fait bien quelques saignées par ci par là, mais il n'y a pas de quoi remplir suffisamment une gamelle pour deux. Il est hébergé par les soins de la Compagnie des Indes. Il dit bien posséder une propriété en France, mais

la France c'est très loin. Aussi, afin contenter tout le monde, et bien que ce ne soit pas d'une pratique courante à l'époque, et surtout à l'Isle Bourbon, il est décidé que tous les accords et conventions de mariage établis feront l'objet d'un contrat(1). Il sera passé par devant Maître Jean Saint Lambert de Labergry, greffier du Conseil Supérieur faisant fonction de notaire.

Par respect dela tradition, des poignées de riz, symbole de bonheur et de prospérité, sont jetées sur les mariés à la sortie de l’église, et tous les hommes lancent leurs chapeaux en l'air.

Comme c'est le premier mariage chez Laurent et Marie, il est fait une grande fête. Barbe est habillée de neuf. Elle porte une large jupe en tissu d’indienne, cousue par sa mère, une excellente couturière, sur un flot de jupons immaculés. Une toilette qui met en valeur sa belle peau brune et ses yeux d’émeraude.

Participent à la fête, les témoins, et quelques membres de la famille. Beaucoup portent le même patronyme Payet ou Hoarau. D'abord le grand-père de la mariée, Etienne Hoarau dit le père, cinquante six ans et Ursule sa seconde épouse, âgée de trente neuf ans, considérée : "Fort bien élevée et dont la vertu et la sagesse sont connues de tout le monde, et qui prend un grand soin de son ménage et de ses sept enfants". Puis Etienne Hoarau, trente huit ans et sa tendre épouse Barbe, trente deux ans. Ursule et Barbe sont toutes deux des demoiselles Payet. Père et fils ayant épousé deux sœurs, et toutes les deux sont des tantes, Barbe étant également la marraine de celle qui devient à partir de ce jour dame Barbe Baret de la Roussonnière.

U.Le tangueLes parents de Barbe n'ont pas lésiné. Nous sommes en septembre, c'est l'hiver austral, mais la température avoisine les 27 ou 28 degrés, il fait chaud à Saint-Paul.  Depuis une dizaine de jours, toute la famille, les esclaves de la plantation, aidés de chiens se sont mis en quête, la nuit tombée, de chasser les tangues, afin de préparer des caris de tangues qui seront servis sur des feuilles de bananier. Le tangue ressemble étrangemment à un hérisson, mais avec la différence qu'il ne peut pas se mettre en boule, et ses poils, même s'ils sont trés raides, ne peuvent se comparer aux piquants de l'hérisson.

La veille du grand jour, de longues tables sur trétaux ont été dressé sous les arbres.  Pour se protéger du vent , on a installé de jolies barrières faites de longues palmes de cocotiers. Pour les mariés, on a pris soin de disposer devant eux de grands draps de lin blanc, et deux verres à pied en vrai verre, coloré de Murano.

 Les hommes et les femmes vident sans cesse de grands gobelets de fangourin. Sur de grands plats de cuivre, le riz circule, blanc et fumant, que l'on mange avec du bouillon piments. De l'eau de coco, servie au naturel dans la coque des fruits, raffraichit les gosiers brûlants. La sueur coule sur les visages. Une gaîtée bruyante règne sous les grands arbres.  

Après avoir mis un terme aux nombreuses conversations animées et ininterrompues, il est temps de raconter la famille, en laissant la parole à Etienne Hoarau. Pour la centième fois au moins, Etienne Hoarau, debout, fier, raconte non seulement pour Barbe, sa petite fille, pour Julien, le nouveau marié, mais également pour toute l'assemblée la vie du pionnier. René Hoarau son père est décédé il y a de cela vingt ans. Julien calcule mentalement : le narrateur a aujourd'hui cinquante six ans. Son père est enterré en 1706, il avait donc alors trente six ans, il ne peut pas inventer. René Hoarau est originaire du nord de la France.  Il a vingt-cinq ans quand il s'embarque le 7 mars 1665 de Brest sur un des quatre bateaux en partance pour conquérir le sud de Madagascar et l'île Bourbon.

C'était une véritable expédition militaire placée sous le commandement de François de Lopis, marquis de Mondevergue forte d'au moins deux cent trente hommes d'équipage, deux cent quatre vingt huit hommes de divers métiers, des soldats, des passagers. Au total, il devait bien y avoir six cents personnes, Hélas, quatre cents n'iront pas au bout du voyage, et réaliser leur rêve, mais vont mourir en mer.

 Tricentenaire du peuplement de l'île Bourbon. 

Ces quatre bateaux avaient pour nom :  

 

-Le Saint-Paul, une frégate de 3 mats, 15 mètres de long, 8 mètres de large, 250 tonneaux, armée de trente deux canons. C'est le vaisseau amiral.

 - Le Taureau, une flûte de conception hollandaise à 2 mats, 250 tonneaux, longue de trente mètres avec vingt canons.

- La Vierge de Bon Port, 300 tonneaux, je ne sais plus si c'était une frégate ou une flûte.

- L'Aigle Blanc, une galiote, c'est à dire un bâtiment de charge à fond plat.  Le 9 juillet, alors que le Saint-Paul va sur Fort Dauphin à Madagascar, les trois autres iront débarquer à Bourbon. Treize hommes placés sous le commandement de Etienne Regnault vont rester à Bourbon, dont mon père René Hoarau, Hervé Dennemont, Jacques Fontaine, le chirurgien Antoine Royer, François Vallée, Pierre Hibon, Henri Mollet, François Mussard . 

  L'année suivante, Louis XIV décide d'envoyer une deuxième escadre, mais nettement beaucoup plus importante, de dix navires sur lesquels monteront prés de 1600 hommes et trois douzaines de jeunes filles.

 

Le voyage était calculé comme celui de 1665,  mais ça sera une traversée longue et pénible de onze mois avec la perte de quatre bateaux, et la mort de quatre cents passagers. Deux bateaux viendront accoster en face de Saint-Paul, le Saint-Jean Baptiste et le Terron pour débarquer deux cents malades, des mourants même. Ils rendront leur dernier soupir à peine débarqués. Que de si beaux rêves écroulés sur place. 

 

Une soixantaine seulement de passagers pourra survivre à cette terrible aventure ainsi que cinq filles. Parmi elles, celle qui deviendra la première Hoarau de Bourbon, ma mère Marie Baudry .Elle avait tout juste quinze ans. Ils se sont mariés en 1669, et je suis né un an après. Par la suite sont nés mes frères Henry en 1675, Jean en 1677, Bernardin en 1680, mais il est mort jeune dans sa quinzième année, et la seule fille, Marie Anne en 1682. Elle décédera de fortes fièvres, le corps plein de boutons, avec de grosses quintes de toux à l’âge de quatre ans.

 

C'est alors que Jacques Aubert, raconte les aventures de René Hoarau et Hervé Dennemont ; "Le vieux Normand".

 

Etienne Hoarau le jeune 

 

Vieux, parce que Hervé quitta Brix, son village natal, pas bien loin de Cherbourg à l'âge de 35 ans où il travaillait avec son père, un maitre verrier. Vieux, parce que il avait quinze ans de plus que René. Ils étaient ensemble sur le Taureau, avaient fréquenté les mêmes filles et s'étaient mariés à quelques mois d'écart. Hervé, lui était tombé sous les charmes d'une fort belle Normande de Granville, de sept ans plus jeune, Marie Léonarde. Le couple Dennemont aura trois enfants, dont une fille en 1673 qu'on appellera Geneviève. Elle deviendra quatorze ans plus tard ta belle fille en épousant ton fils Etienne. Elle lui donnera six beaux enfants, quatre garçons (Etienne, Guillaume, Antoine, Gilles) et deux filles (Geneviève et Marie). Gilles est décédé jeune, alors qu'il était dans sa cinquième année. Etienne, le fils intervient à son tour : Je porte le même prénom que mon père, mais afin de nous différencier, l’habitude a été prise, tôt, de toujours préciser en ce qui me concerne "Le Jeune", et pour lui "Le Père". Ma dernière sœur, Geneviève est née en janvier 1700. Ma mère, qui n'avait que 27 ans est morte quelques jours après. Etienne Père était seul pour s'occuper de nous cinq. Ne pouvant rester ainsi, il prit pour seconde épouse quatre mois après Ursule Payet qui lui a donné six enfants, et Marie Ursule qui aura demain trois mois.

 

Dans le brouhaha, une petite voix s'élève " A ton tour mère, raconte l'histoire de ma grand-mère Geneviève "et de ton papa, c'est Barbe, toute intimidée. Marie Hoarau s'exécute en maugréant, toute aussi intimidée que sa fille, mais fortement encouragée par l'assemblée.

 

Ta grand-mère Geneviève, était une créole à la peau blanche, née pas bien loin d'ici le sixième jour de juin de l'an 1673. C'est la fille de mon grand-père Hervé Dennemont et de ma grand-mère Marie Léonarde Pille. Elle s'est mariée à l'âge de 14 ans avec mon père Etienne. Ils ont vécu heureux pendant 13 années, avant qu'elle meure dans d'atroces souffrances. Mais, je ne m'en souviens plus beaucoup, il faut bien reconnaitre que j'étais âgée de seulement six ans.

 

Laurent Hoarau, intervient bruyamment :

 

Bon, la band' assez causé ast' heur, place aux chants, aux bons mots pour rire, aux proverbes.

 

Et, tout à coup, un crépitement inattendu de pétards fait sursauter tout le monde. On se lève d'un même élan et l'on dansera l'après midi entière. Le bal est animé par quelques "jouars" africains ou malgaches en utilisant leurs instruments traditionnels, mais aussi ceux apportés par les blancs, fifre, flûte, banjo, violon... Et c'est une succession de polkas et de quadrilles endiablés. Entre deux danses, on se rafraîchit à la limonade et à l'eau de coco. Le soir, vers cinq heures, les danseurs, épuisés, un peu ivres, heureux, repartent chez eux. (3)

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    (1) 20 ans auparavant, Laurent Payet et Marie Hoarau ont également conclu un contrat de mariage, qui traite non pas les apports de chacun, mais des règles de dévolution successorale. Il est possible de consulter ce contrat. Un contrat de mariage au XVIII° siècle

 

(2) Alors que les Payet; descendants de Louise Siaranne, ont inéluctablement un pourcentage de sang   malgache. Tout semble régner pour le mieux entre les familles peuplant alors Bourbon. Pourtant, le malouin Guy le Gentil de la Barbinais témoin de bref passage sept ans auparavant, y a trouvé :  envie, jalousie, orgueil, mésintelligence, surtout entre les femmes. Les blanches méprisant celles dont le sang est mêlé, mais, elles sont aussi fières que les autres, et se soutiennent par leur nombre.

 

 (3 La description du repas de mariage est largement inspirée de "Abel et Mariaye", un conte de Alcide Baret. En 1950, il a obtenu le premier prix du concours du plus beau conte, réservé aux autochtones de la France d'Outre Mer. Oeuvre reprise en 2008, dans notre recueil "Vodka Malabar" .


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29 janvier 2012 7 29 /01 /janvier /2012 05:56

Le jeudi 11 septembre 1745, à Saint-Paul, Françoise Rosalie, fille de Julien Baret de la Roussonnière et de Barbe Payet voit le jour. Baptisée le lendemain, elle a comme parrain,sieur Roland Boutsoocq Deheaume, le mari de Marianne Gruchet (2), une amie d'enfance de Barbe. La marraine est dame Françoise Etiennette (3), l'épouse de Olivier Legoîc Destourelle (4).

 

 

Le 23 novembre 1773, à Saint-Louis, âgée de 28 ans, elle épouse Rivière Gabriel, le fils de Henry Rivière et de Louise Nativel. Il a dix ans de moins qu'elle.

 

Ils auront cinq enfants :

 

Henry François, né en 1774

Gabriel Julien, né en 1776

Florine, née en 1779

Françoise, née en 1781

Marie Uranie, née en 1787.

 

Aprés 23 ans de mariage, le couple divorce à Saint-Pierre, le 18 septembre 1796.

 

(rappelons que la loi du 20 septembre 1792 sur l'état civil autorise le divorce).

 

Françoise Rosalie va décéder sept mois aprés, le premier avril 1797.

 

Son ex mari, Gabriel Rivière va se remarier le 9 mai 1798 avec Sabine Sylvie Rivière.

 

 

 

Françoise Rosalie Baret épouse Rivière

 

 Remarque :   

 

Ces deux personnages ne font pas partie de la famille, ils sont gardes particuliers pour la Compagnie des indes, du quartier Saint-Paul. De 1737 à 1739, ils sont souvent pris comme adjoints pour assiter le Procureur Général dans la chambre du Conseil supérieur de l'île Bourbon à Saint-Denis.

 

 

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(1) Roland Boutscoop de Heaulme, de famille de nobles est né en 1705, originaire des Ardennes. Emmigré à Fort Dauphin (Madagascar), il arrive à Bourbon en 1729. Trois ans aprés, il est employé par la Compagnie des Indes, comme commis. En 1750, du 30 juillet au 7 novembre, il est nommé responsable des opérations de traite des noirs à l'ile Sainte-Marie. En 1765, il devient commandant du quartier Saint-Paul.

 

(2) Marianne (1710-1775), de trois ans l'ainée de Barbe Payet est la fille de Jean Gruchet (1669-1744), nommé en 1711, armurier de la Compagnie, et Jeanne Belon (1676-1729). En 1732, le même jour de septembre que sa soeur Marie Monique, elle épouse le sieur de Heaulme. Leur frère Jean Baptiste, s'est marié, lui un mois et demi avant.

 

(3) Françoise Etiennette Capel, née vers 1698 à Saint-Méloir dans les Côtes d'Armor s'est mariée une première fois avec Olivier René Legoîc Destourelles, garde magasins particuliers de Saint-Denis. Elle se remarie à Saint-Pierre, en 1749 avec le chavalier Andoche Dolnet de Palmaroux.

 

Ce dernier se fera connaitre deux ans plus tard, en effectuant la première ascension du Piton de la Fournaise.  Voir la description en cliquant sur ce lien : Le Piton de la Fournaise  

 

 

 

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29 janvier 2012 7 29 /01 /janvier /2012 05:02

Aujourd'hui dix huitième de septembre 1706, sont comparus devant nous, Antoine Boucher, Secrétaire pour la Royale Compagnie des Indes Orientales de France dans l'Isle de Bourbon, les nommés Laurent Payet, fils d'Antoine Payet et de Louise Siarane ses père et mère natifs de l'Isle de Bourbon, paroisse de Saint-Paul et Marie Hoarau fille de Estienne Hoarau et Geneviève Dennemont, père et mère natifs de l'Isle de Bourbon, paroisse de Saint-Paul de l'autre part. Entre lesquelles parties, sont convenus les faits de mariage entre les dits Payet et ladit Hoarau aprés les cérémonies que l'église apostolique et romaine nous enseigne.

 

Leur communauté commencera du jour de leurs épousailles. Si au cas Dieu appelait... l'un ou l'autre d'entre eux, sans qu'il y ait eu hoirs de corps, tout ce qu'il se trouvera leur communauté restera au dernier vivant, et que s'il y a hoirs de corps la moitié restera au dernier vivant et l'autre moitiéaux enfants qu'ils auront légitiment eu ensemble. C'est de quoi, sont convenus les dittes parties et pour lesquelles les dittes parties ont jurer ne savoir signer.

Ledit Laurent Payet a requis le sieur de Saint Germain pour signer à sa place et ladite Marie Hoarau a requis le sieur François Gondin pour signer à sa place.

 

Fait et passé en notre bureau à Saint-Denis, Isle de Bourbon, ce jour dix huit de septembre 1706.

 

Ainsi signé à l'original de Saint Germain Robin, prêtre curé, François Grondin, Estienne Hoarau, Boucher, Deviler , François Cozan.(1)

 

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(1) François Cozan arrivé sur le Saint Robert est le fils de Paul Cozan et de Anne Caze. Il  épouse le 29/06/1692, Louise Payet, 11 ans, la première fille de Antoine Payet, dit la Roche et Louise Siarane.

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29 janvier 2012 7 29 /01 /janvier /2012 04:51

   

 

Née à Saint-Louis, le lundi 29 janvier 1749, baptisée le premier février. C'est le septième enfant de Julien Baret et de Barbe Payet, et la cinquième fille, dont l'âge s'échelonne de quatre à quinze ans. Les deux garçons sont Jean Gabriel, douze ans et René Vincent dix ans. Elle a pour parrain son frère René Vincent, et pour marraine sa grande sœur, Marianne. René Vincent ne sait pas signer, mais, fièrement et sérieusement Marianne signe l'acte avec son père devant une assistance appréciant l'exploit à sa juste valeur.

 

Perrine Olympiade ! Curieux prénom ! On peut dire même du jamais vu. Perrine, vient du grec signifiant petit rocher, mais surtout un diminutif de Pétronille, ou le féminin de Pierre. Olympiade, provient non pas des jeux olympiques, mais plus de l'unité de temps : quatre années. Perrine Olympiade est née quatre ans après sa sœur Françoise Rosalie…

Si Barbe est resplendissante, s'occupe à merveille de son habitation et de ses enfants, Julien, lui, âgé de cinquante trois ans, n'est pas très gaillard physiquement. Si il continue d'exercer la chirurgie, pour tout ce qui est de la concession il se repose entièrement sur le commandeur. Il va décéder parmi les siens, cinq mois plus tard.

La vie s'écoule…

 

Perrine Olympiade va épouser à Saint-Louis, en 1764 Jacques Mesnard. Il parait beaucoup plus vieux que son âge (en réalité il n'est pas né en 1739, mais le 30 avril 1729 à Poitiers, paroisse de Saint Savin) .

 

Leur premier enfant nait en 1765, et reçoit le prénom de Pierre comme son grand-père paternel. On apprendra plus tard que Jacques, se prénomme lui aussi Pierre, et que c'est lors de son embarquement, qu'il la transformé en Jacques, ou en Jean Jacques.  A l'âge de 16 ans, le 7 décembre 1781, Pierre s'engage avec 174 hommes dans le corps des volontaires de Bourbon pour l'Inde avec l'escadre du Bailly de Suffren. Il décédera au combat l'année suivante.  

 

volontaires de Bourbon

 aquarelle de Maurice Toussaint (1882-1974)

  

Viendra ensuite Marie Barbe Radegonde en 1767.

 

Puis, le 22 mai 1774, baptisée le 24, Marie Uranie. Sa tante, Françoise Rosalie sera la marraine.

 

Perrine Olympiade décède juste un an après le 28/05/1775 en laissant trois orphelins, Pierre dix ans, Marie Barbe Radégonde huit ans et Marie Uranie qui vient d'avoir tout juste douze mois.

Jacques Mesnard décéde treize ans plus tard, le 29 avril 1788, en emportant avec lui le secret de sa date de naissance. 

 

  Perrine Olympiade 

 

 

 

 

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28 janvier 2012 6 28 /01 /janvier /2012 05:00

 

Né le 11 décembre 1739 à Saint-Pierre, Louis Etienne Choppy Desgranges est le septième enfant de Joseph Choppy Desgranges et de Marianne Payet .

 

Officier des troupes de la Compagnie des Indes,il épouse le 21 novembre 1762 à L'Orient, demoiselle Marie-Françoise Chautard, née le 23 décembre 1745 et baptisée le 8 janvier 1746 à Port-Louis, Isle de France (1).  Elle est la fille de Nicolas Valentin Chautard, sous-lieutenant à la Compagnie de Ponsy et de Marie Josephe Maldaque, originaire de l'isle Bourbon.

 

Ils auront douze enfants. Le premier a pour nom Marianne Joseph Choppy Desgranges et va naitre à Lorient le 23 février 1724.

 

Le second, Jean-Baptiste Marie Marin Choppy Desgranges, nait en mer, le 2 mars 1725. Il sera baptisé à Saint-Pierre, en l'Isle Bourbon le 5 juillet. Tout ce que l'on retient de lui, c'est qu'il a transormé dans les années 1810-1820, la maison familiale, sise à Saint-Pierre, sur une une trés grande parcelle comprise entre la rue Auguste Babet à l'est, la rue Augustin Archambaud à l'ouest, la ruelle Lislet au sud et la rue Marius et Ary Leblond au nord. Les transormations consistent à faire une élévation d'un étage, et de bâtir les murs avec de la pierre basalte délicatement taillée et des toits en bardeaux.

 Maison du Sous-Préfet

 

Ville de Saint-Pierre

 

Depuis 1963, cette immense habitation devient le logement du Sous Préfet.

                                      maison vasseur 01

Elle est classée monument historique depuis 1989 

 

Les dix autres enfants, naiteront tous à Saint-Pierre.  

 

Il faut attendre prés de 40 ans avant de repérer parmi les passagers du navire de la Compagnie des Indes, de 900 tonneaux et percé pou 56 canons, "le Duc de Choiseul", un Desgranges, Officier du bataillon de l'Ile de France

 

                                  Embarqué à l'Ile de France le 03/03/1766.

                                 Débarqué au désarment à Lorient. 

                                 A la table.

                                Aux frais de la compagnie, pour son bon plaisir

 

Louis Etienne Choppy Desgranges va décèder à Saint-Pierre, le 4 juin 1813.  

- - - - - - - - 

(1) Son frère Nicolas François Chautard est né le 29 novembre 1741 à Port-Louis. Officier d'infanterie au bataillon des Indes. Il décède à Saint-Pierre (ile Bourbon) en 1779.

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26 janvier 2012 4 26 /01 /janvier /2012 05:46

 

Samedi 22 février 1734, à Saint-Paul, en l'Isle Bourbon, la dame Barbe Baret de la Roussonnière, 21 ans, donne naissance à son premier enfant, de sexe féminin qui reçoit les prénoms de Barbe Marie Anne Julienne ; un clin d'oeil à ses père et mère. Par la suite on l'appelera Marianne, et on oubliera "De la Roussonnière", un petit bout de terre de France.

Elle a comme parrain, Joseph Choppy Desgranges, l'époux de Marianne Payet, fille de Laurent Payet et de Marie Hoarau, ses grands parents maternels.

La marraine est Barbe Payet, née en 1694, une descendante de Antoine Payet, dit La Roche et la Malgache Louise Siaranne.

 

Mardi 3 (ou samedi 7) de juin 1751,  Marianne Baret épouse à Saint-Louis, Henry Rivière du Portail.

Ils auront 9 enfants.

                                    

Le jeudi 7 juin 1770, Henry Rivière du Portail dècède à Saint-Louis, à l'âge de 45 ans six semaines avant la naissance de sa fille Geneviève Tarsile.

 

Le mercredi 6 février 1782, Marianne Baret, veuve Rivière du Portail,âgée de 48 ans, se remarie avec Julien Hyacinthe Payet, le fils de Payet Antoine (1683-1743), et de Lautret Sabine (1693-1771),  la fille de Gaspard Lautret, dit La Fortune.

 

Le mardi 20 janvier 1784, soit deux ans aprés, Marianne dècède à Saint-Louis.

 

Le lundi 5 mai 1791, à Saint-Louis, Julien Hyacinthe Payet meurt.

 

Marianne Baret épouse Rivière 

                                                                           - Clément Roland          (1756)

                                                                           - Marie Barbe                (1757)

                                                                           - Sabine Sylvie              (1758)

                                                                           - Jean Baptiste Marcel  (1760)

                                                                           - Marie Jeanne Sophie  (1764)

                                                                           - Julienne Thérése        (1767)

                                                                          - Jacques Benjamin        (1768)

 

 

 

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