Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Julien Baret de la Roussonnière
  • : itinéraire géographique, historique et humain de l'honnorable Julien Baret de la Roussonnière, le premier Baret de la Réunion.
  • Contact

Profil

  • G 72
  • Tout simplement un agenda perpétuel, autour  de Zamet Baret, vers 1500 à un descendant, Alcide Baret, directeur d'école, et poète.
  • Tout simplement un agenda perpétuel, autour de Zamet Baret, vers 1500 à un descendant, Alcide Baret, directeur d'école, et poète.

Recherche

22 janvier 2012 7 22 /01 /janvier /2012 00:00

Très rapidement, Julien découvre le quartier de Saint-Paul. C'est le plus étendu et le plus peuplé de Bourbon, on y compte 1966 personnes tant blancs que noirs. Depuis le cyclone de 1718, suivi de l'incendie du magasin de la Compagnie cinq ans après qui ont ravagé le vieux Saint Paul, les habitants se sont regroupés à leur guise des deux côtés de l'immense étang d'eau vive qui s'écoule dans l'Océan. Il doit mesurer facilement quatre cents hectares.

 

Quel endroit fort agréable, frais et humide ! Il est alimenté par les sources des ravines Bernica et Hibon, où règnent les songes, les pensées d'eau et les papyrus. Si on est patient et attentif, il est possible de repérer parmi les feuilles des endormis, ces magnifiques caméléons qui mesurent prés d'un demi-pied. Par chance, à la cime des arbres, il est possible d'apercevoir un papangue, à la fois magnifique mais surtout inquiétant oiseau de proie, noir avec des tâches blanches. Ses ailes se déploient jusqu'à trois ou cinq pieds. Il se nourrit de souris et de mulots. Il est soupçonné, certains soirs de pleine lune de souquer les ti-marmailles !

 

Un jour, emporté par ses pensés, et trop occupé à se frayer un passage parmi des ronces et des lianes inextricables, Julien se perdit. Par chance, il rencontra André Raux (ou Rault), un ancien forban, arrivé à Bourbon en 1706. Il prit pour épouse l'année suivante,"l'année du tremblement de terre", se plait-il, malicieusement à rappeler, la belle Thérèse Duhal, de vingt ans sa cadette. Bourbon, était alors forte de 734 âmes, 414 blancs et 320 noirs. A partir de leur case ils tracèrent un chemin qui mène au banc des Roches, l'étang.se franchit alors à gué. Les habitations ne sont point rangées en file et ne composent pas de rues comme dans une ville. Elles sont bâties simplement sur un épais socle de galets liés par du sable. La couverture est en feuilles de lataniers. A l'intérieur, le sol est en terre battue, recouvert d'une natte en vacoas. Chaque jour, il s'en va vavanguer et découvrir un lieudit : la ravine du port, le parc à Jacques, la ravine la plaine, le bout de l'étang. La montagne de Saint-Paul, la petite ravine, le détroit, le ruisseau, la Croix du pays des Nèfles ou, comme le dira plus tard Leconte Delisle "Perdu sur la montagne entre deux parois hautes …"(2),  

  

Bientôt, devant toute habitation Julien est capable de donner le nom du chef de famille et prend plaisir à discuter avec les colons, de la chaleur, de l'absence d'eau, des marmailles…

 

chemin Lougnon

 Julien aime aller dans les hauts où, la température de l'air est nettement plus agréable que sur le littoral. Trois possibilités de chemins pavés pour chevaux et boeufs portants sont à la disposition des colons depuis quelques années, grâce à l'initiative prise en 1719 par Desforges Boucher :  

 - La grande montée  pour rejoindre le Bernica  

- Bois rouge,  qui passe devant la poudrière, serpente entre la ravine 
                           Hibon et la ravine Athanase Touchard

- La montée d'Hibon, un sentier rude et escarpé

 

Pour les trois chemins, les pierres sont disposées de telle façon qu'elles constituent deux voies de circulation, matérialisées au centre par une ligne de pierres. Julien se dit que c'est de la belle ouvrage, qui pourra se maintenir pendant trois siècles. (Effectivement, ces chemins se retrouvent, avec plus ou moins de facilités, aujourdh'hui).

  Journal de l'île de la Réunion 18-07-2012                                      Le bassin Pigeon                                                                            Les gorges du Bernica

 (photos extraites du Journal de l'île de la Réunion-2012) 

 

Une fois dans les hauts, on trouve sur la cime une plaine plantée d'arbres à la réserve des lieux qui ont été défrichés. Chaque famille y possède des plantations de riz, de blé, de tabac, de cannes de sucre, et divers fruits comme bananes, ananas, goyaves, oranges, citrons. Il ne cesse d'admirer la baie du meilleur ancrage, et jouir des magnifiques couchers de soleil. Son grand jeu est de surveiller le moment où le soleil disparaît derrière l'horizon et attend avec gourmandise ce phénomène optique de réfraction quand un point vert se forme durant un très court instant. Il sait alors qu'il lui faut alors prendre ses jambes à son cou, car le grand fé noir arrive vitement. Quelle heure peut-il être ? Seulement cinq heures de l'après midi, ou peut-être cinq heures trente, mais pas plus tard.

 étang Saint-Paul

                                                          (photo Internet de Didier Roy)

 

C'est en battant carré dans les hauts, dés potron-minet, à la fraiche qu'il fit la rencontre qui allait transformer sa vie. Celle d'un créole, mulâtre âgé de quarante ans, occupé à faire un superbe chapeau de feuilles de lataniers. Les deux hommes sympathisent. Pour Julien, l'homme lui parut posséder de sérieuses qualités, honnête, travailleur, point querelleur ni ivrogne, qui a eu d'assez bonnes éducations. Il s'appelle Laurent Payet, fier d'être créole, natif de Bourbon, fils de Antoine Payet, un métropolitain, débarqué en 1674 et de Louise Siarane, une malgache. Sa mère est décédée depuis dix ans et son père depuis cinq ans. Ils ont eu ensemble neuf enfants, soit cinq garçons et quatre filles. Si celles-ci en se mariant se sont éloignées de Saint-Paul, par contre les cinq frères sont restés groupés et vivent non loin l'un de l'autre. Sans se faire prier, Laurent Payet continue de parler de lui et de sa famille. Cela fait dix neuf ans qu'il s'est marié avec Marie, une créole blanche fort simple, avec toute la vertu possible qui ne se mêle que de coudre, en quoi on dit qu'elle réussit fort bien. Elle est la fille de Etienne Hoarau surnommé le jeune, un voisin et dont Julien a déjà fait la connaissance.

Ils ont neuf enfants. Leur âge varie de deux ans à dix sept ans. Jean, l'ainé adore s'occuper de tous les animaux de l'habitation; logés au parc à Jacques, au bout de l'étang, là où se trouve une savane aride, qui s'étend jusqu'à la Rivière des Galets. A l'origine c'était l'habitation de Jacques Fontaine, aujourd'hui c'est le quartier Savannah. Au total, le cheptel se compose d'une quarantaine de bœufs, moutons et cochons, sans oublier les volailles. Les terres de Laurent Payet sont réparties à la montagne, les sables, prés de l'étang et au vieux Saint-Paul. De son côté, la seconde, Marianne, aide sa mère à tenir la maisonnée, d'autant qu'elle est grosse de son dixième bébé qui doit naître début janvier. 

Le-parc-a-Jacques.jpg Au lieudit l'Esplanade on rencontre les cinq frères Payet, et leur sœur Louise, peu de place à "des étrangers", excepté de l'autre coté du chemin, André Raux. Une place avait été réservée dés le départ à Etienne Hoarau le jeune. Il n'a pas été difficile pour Laurent Payet et Marie Hoarau de se fréquenter et de s'aimer. De même quitter le foyer familial pour rejoindre le foyer conjugal n'a pas été une trop grande aventure. Sur cet espace, somme toute limité, on peut compter une vingtaine de marmailles portant pratiquement un seul patronyme : Payet

                  

  (2) Leconte de Lisle (1818-1894) . Poèmes Barbares

 

Pour savoir ce qu'il en est de l'étang Saint-Paul aujourd'hui, il suffit de cliquer sur ce lien : H.Allons bat'carré

 

Partager cet article
Repost0

commentaires