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Présentation

  • : Julien Baret de la Roussonnière
  • : itinéraire géographique, historique et humain de l'honnorable Julien Baret de la Roussonnière, le premier Baret de la Réunion.
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  • Tout simplement un agenda perpétuel, autour  de Zamet Baret, vers 1500 à un descendant, Alcide Baret, directeur d'école, et poète.
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31 mars 2012 6 31 /03 /mars /2012 04:55

Julien Baret a quitté la Roussonnière depuis deux ou trois jours. Il est maintenant dans la région Bretagne, reprenons l'ouvrage ci-dessus : mon Juju 

 

 

Au bout de quatre heures de marche, le voici à Derval. Il ne sait pas pourquoi, mais l'endroit, couvert de chênes majestueux, des champs en lanières, entourés de haies d'ajoncs lui parait tout à la fois bien tranquille et un peu magique. Il ignore que le nom Derval est composé des deux mots bretons derw qui signifie chêne, et val. C'est donc, bien évidemment une vallée. (1)

 

Pays magique, mais bien pauvre, avec des sols granitiques, maigres et acides. Les paysans manquent de pain, souvent même de châtaignes, de blé noir. Dans les prés quelques vaches blanches et noires s'abritent sous des pommiers. Comme elles paraissent petites, ne pesant pas plus de 700 à 800 livres ; Julien ne peut s'empêcher de les comparer aux vaches de Précigné, à la belle robe pie rouge foncé avec des pattes blanches, lourdes, grosses, pesant de 1000 à 1400 livres.

 

Soudain, un grand bruit le stoppe dans ses réflexions. Un lourd tombereau chargé de fumier et tiré par 2 chevaux s'est enlisé non loin de là dans une ornière. Le fermier, qui est manchot a beau crier hue !, dia !, arrière, accompagnés d'onomatopées inconnues de Julien. Rien n'y fait, la charge est bien trop lourde, il faut alléger le chargement. Julien n'hésite pas un seul instant, pose à terre ses affaires, se saisit d'une fourche et grimpe sur le tas admirablement monté au carré. La seule parole échangée entre eux, viendra de Julien, et sera une maxime : "Il n'y a si bon charretier qui ne verse". En ¾ d'heure, le tombereau est vidé de moitié et les puissants chevaux tirent de toutes leurs forces.

Les deux hommes font enfin connaissance.


Le brave paysan, a pour nom Joseph, Joseph Ricou. Il a perdu son bras gauche, il y a bien une dizaine d'années, écrasé par une tour à broyer les pommes à cidre, mais il n'en dira guère davantage. Sa ferme se situe à quelques pas de là, après le bourg, derrière un petit bois, au hameau qu'on appelle la Touche, et invite Julien pour la nuit. Ils sont accueillis par Hélène, la femme de Joseph, occupée prés de la cheminée où crépite un bon feu de genêt à préparer le repas du soir. C'est une soupe de blé noir, la céréale du pauvre(2) . C'est-à-dire une épaisse bouillie cuite à l'eau et au lait, dans laquelle surnage un gros morceau de beurre salé avec une énorme tranche de pain. Une grande bolée de cidre, un peu âpre et hop une grande nuit dans la grange, sur du bon foin sec d'ajoncs aplatis, avec la lune et quelques chèvres pour témoins.

 

- Nozvezh nat, Julien -   Bonne nuit, Joseph.

 

Le lendemain, vers cinq ou six heures, alors qu'il fait nuit noire, il est réveillé par un grand  tintamarre.

C'est la préparation de l'alimentation du troupeau de laitières juste avant la traite.

 

 Il est temps de prendre congé.

 

Kenavo lance Julien.

 

 Beaj-vat !

 Chans-vat

 

Lui répond-on. Ce qui doit signifier quelque chose comme :  au revoir, bon voyage, bon courage, ou bonne chance.

 

Plus tard, un brin de toilette à la rivière. Rapide, car l'eau est bien fraiche en cette fin novembre.

Est-ce la Chére qui l'a accompagné un bout de chemin depuis Châteaubriant ou le Canut ?

Qu'importe le nom, il faut poursuivre la route, et comme toujours cap à l'ouest.

 

---------

 

 (1) Aujourd'hui commune de la Loire Atlantique, forte de 3350 Dervalais et Dervalaises.

     Le lieudit existe toujours. C'est depuis 1973 le siège d'une ferme expérimentale sur le lait.

(2) En notant toutefois qu'il ne s'agit pas d'une graminée, mais d'une plante de la famille des polygonacées comme la rhubarbe et l'oseille.

 

 

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